Instantanés dix (pendieux)
(je fais comme si j'avais pas pas écrit depuis un mois)
(et je le fais bien)
Hier, 18h30, conférence d'histoire :
C'est apparemment à moi d'intervenir, alors je m'avance. Ma présentation est préparée, j'ai les cheveux propres, mon plus beau jean, un décolleté avec les moyens du bord et je dois avouer que parler en public est l'un de mes plus grands kifs.
Plus encore que de jouer avec la cire des bougies, ou de faire un sifflet avec un brin d'herbe entre mes pouces. Alors hein, hein.
Je commence ma présentation, et sûre de moi je case même des blagues. Qui ne font rire personne, mais à 18h30 l'étudiant moyen qui a dormi 4 heures la nuit précédente et ne mange depuis 6 mois que des sandwich et des cordon-bleus somnole, c'est bien connu. Et même rassurant, je veux pas les bousculer non plus les pauvres choux.
Mais que vois-je? Serait-ce de la gêne... de la moquerie dans les yeux de mes camarades? Ah putain voilà je panique. Il se passe un truc, je sais pas quoi, les autres se marrent et je m'apprête à vivre un gigantesque moment de solitude et personne viendra m'aider et ils vont me jeter des cailloux et me renvoyer de la noble institution et je serai jamais présidente. Tout ça à cause d'une crotte de nez ou d'une braguette ouverte ou je ne sais quoi.
Et là je réalise que j'ai chaud, extrêmement chaud. Je baisse les yeux, lentement, les relève, lentement. Suis prise d'une certaine fierté, finalement.
Je suis probablement la seule personne au monde qui peut rougir du haut du front jusqu'à la poitrine.
Disponible pour les anniversaires, bar-mitsvas, mariages et enterrements de vie de daltonien. Prix à négocier.